La crise du coronavirus offre une chance historique de tendre vers une société plus durable

80 % des entreprises belges actives dans tous les domaines de la technique d’installation (électro, sanitaire, chauffage, ventilation et climatisation) estiment que la crise que nous connaissons actuellement doit marquer un tournant vers une société plus durable. C’est ce que révèle un sondage organisé la semaine dernière par Techlink, la fédération professionnelle des installateurs-électriciens et HVAC en Belgique.
La crise du coronavirus met la vie publique et l’économie sens dessus dessous. Les mesures de distanciation sociale, indispensables, font baisser, voire plonger les chiffres d’affaires des entreprises. Les stigmates financiers laissés par la crise du coronavirus ne sont sans doute pas près de s’effacer. Les pouvoirs publics seront soumis à de fortes pressions à court terme pour maintenir leur dette sous contrôle, tout en tentant de relancer l’économie à coups de mesures massives de soutien dans une ère post-Covid-19. Pourtant, cette période représente également une occasion unique de passer à la vitesse supérieure et de rendre la société plus durable, d’une manière rentable sur le plan économique.
Le climat est malade, lui aussi
Le coronavirus est avant tout une problématique sanitaire d’une ampleur inédite, que les professionnels de la santé tentent tant bien que mal de résoudre. La question qui se pose dans la foulée est de savoir comment gérer la crise économique qui en découle. Les investissements doivent aider à résoudre l’autre crise, celle du climat, et certainement pas l’exacerber. La pandémie de Covid-19 s’accompagne de son lot de malheurs et de préoccupations, mais nous oblige aussi à réfléchir à la façon dont s’organisent la société et l’économie, et à la manière dont elles pourraient l’être à l’avenir. Les autoroutes désertes, les eaux vénitiennes limpides et l’air visiblement plus pur soulignent l’impact de l’homme sur l’environnement et le climat. Je suis convaincu, à l’instar de la grande majorité du secteur de l’installation, que nous sommes arrivés à un tournant dans la transition énergétique. Revenir à nos « bonnes vieilles habitudes » une fois la crise terminée serait tout bonnement aberrant.
Prenons l’exemple de l’appel « #jachètebelge » de ces derniers jours. Il se traduit par une opportunité en matière d’initiatives locales et durables. En vendant leurs denrées alimentaires directement aux consommateurs, certaines entreprises agricoles voient leur chiffre d’affaires grimper en flèche. L’expérience sociale inattendue qu’est la crise du Covid-19 ouvre également la porte à des solutions énergétiques locales et durables. 82 % des installateurs estiment que l’avenir passera par l’électricité et la chaleur durables, produites chez nous. Pensez aux communautés énergétiques locales qui aident à résoudre les défis liés au stockage énergétique et à la maîtrise de la demande en énergie solaire et éolienne, en biomasse et en biométhane. Les consommateurs sont impliqués et encouragés à utiliser l’énergie de manière efficiente ou à la stocker quand le vent souffle et quand le soleil brille. Cette stratégie nous permet, en outre, de réduire notre dépendance au gaz non européen et au pétrole puisé au-delà des frontières nationales et continentales. 75 % des installateurs affirment opter plus délibérément pour des matériaux et des appareils de fabrication européenne. Les effets secondaires positifs insoupçonnés de la crise du Covid-19 nous mettent face à un choix : faire du surplace ou agir ? Le climat est malade, lui aussi.
La direction à prendre est aussi cruciale que la destination à atteindre
« Le Covid-19 est la menace la plus urgente pour l’humanité, mais elle sera supplantée dans ce rôle, à long terme, par le changement climatique. Le climat ne peut pas être admis aux soins intensifs, car il est impossible de le réanimer », a récemment déclaré Patricia Espinosa, la secrétaire executive de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. L’ordre du jour écologique doit, plus que jamais, être notre priorité une fois que nous aurons terrassé le coronavirus. Le Green Deal européen doit faciliter cette transition cruciale grâce à une injection massive de ressources financières. 76 % des installateurs considèrent ce Green Deal comme salutaire, mais la direction à suivre est tout aussi importante que la destination à atteindre. Le secteur de l’installation et, par extension, l’ensemble du secteur énergétique doivent déterminer cette voie à suivre de concert avec les décideurs politiques. Trouver un équilibre entre rentabilité économique et avenir durable est plus que jamais indispensable.
L’ampleur et l’impact de la crise du Covid-19 sont sans précédent. Cette pandémie nous contraint pourtant à faire des choix pour résoudre l’autre crise. Des systèmes énergétiques durables, combinés à une conscientisation locale, constitueront une partie de la solution. Maintenant que nous sommes tous témoins de l’impact de la diminution des activités sociales et économiques sur le climat, nous avons la chance historique de pouvoir faire le choix d’un avenir durable. Le secteur de l’installation se trouve à l’épicentre de cette transition. Secteur énergétique, décideurs politiques et consommateurs : définissons, ensemble, à quoi ressemblera la société post-Covid-19.